Une jolie particularité

Je ne comprends pas pourquoi mes larmes coulent, je fais face. 

Tu ne comprends pas qu'un son, une image, une odeur puisse autant m'émouvoir.

Je ressens les choses intensément sans le vouloir.

Tu me fais ce qui te semble une banale réflexion.

Pour moi toute une journée de remise en question.

Tu me dis de ne pas me prendre la tête de faire comme toi.

Je te réponds que les "pourquoi" n'ont pas de secret pour moi.

Tu ne comprends pas comment le monde me touche autant.

J'aimerais être moins touchée je m'en veux tellement..

Tu me trouves trop sensible, humaine, fragile, avec mes émotions "faciles".

J'aimerais me contorsionner, rentrer dans le moule, être plus agile.

Tu ne veux pas t'encombrer, et m'étiquettes "trop compliquée".

Je commence à m'effacer, me sentir inadaptée.

Tu me trouves fermée, en marge de ta "normalité".

Je prends la place que peu à peu tu m'as donnée.

Tu ne comprends pas, tu n'es pas comme ça.

Je ne comprends pas tout ce qui se passe en moi.

Tu ne veux pas t'encombrer avec cette énigme humaine. 

Je me dirige doucement vers une confidente sereine.

Tu trouves que c'est bien, il faut se "blinder".

Je ne suis ni un véhicule, ni une porte de sécurité.

Ton besoin de conformité tu l'aimes mais il me malmène.

Je voudrais ne pas souffrir mais c'est bien là que tes paroles me mènent.

Tu me dis qu'il faut s'endurcir c'est ta réalité.

Je ne parviens pas à dompter mon hypersensibilité. 

Tu souris à l'entente de ce mot que tu trouves galvaudé.

J'essaie de trouver mes mots pour te l'expliquer.

Tu m'accordes une écoute empreinte de préjugés.

Je le regrette, mais j'aurais essayé.

Tu évoques une sensiblerie bien bassement qualifiée.

Je n'essaie pas de te changer, me voilà disqualifiée.

Tu n'es pas vraiment là pour m'écouter.

J'aurai toujours un coin d'épaule pour t'apaiser.

Tu préfères rejeter cet accueil et sa sincérité.

Tu te méfies de cette main tendue que tu n'attendais pas.

Je t'assure qu'elle n'a jamais servi d'appât.

Tu prends sans doute cela pour un piège.

Je ne suis ni calcul, ni stratège.

Tu gardes avec moi les distances nécessaires.

J'ai besoin de solitude cela m'est salutaire.

Tu as tellement appris à te méfier.

Je ne porte aucun masque, je ne sais pas me cacher.

Tu m'as fait prendre conscience que pour bien exister

Je n'avais pas besoin de répondre à tes attentes, changer

Tu me qualifies, me juges, me mets en aparté

Je décide de suivre ma voie d'explorer mes sentiers

Tu finiras peut être un jour par me croiser.

Je suis allée rencontrer ma jolie particularité

J'apprends à l'écouter ne plus la maltraiter

Je m'entoure des gens qui savent l'apprécier

Ceux qui m'aiment avec mes failles, mes qualités.

Elle fait partie de moi et je vais l'aimer

Je crois qu'au fond, toi, la société,

Tu as besoin de cette humanité désintéressée,

qui te fait si peur et que tu te plais à repousser,

Et moi, Marie, j'ai besoin d'être acceptée

Telle que je suis, dans mon entièreté. 

✍️ Marie B.